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wrath
 
 

Le téléphone sonna. Prune se rua dessus pour répondre. C’était sa sœur.
— Cécile, tu devais venir manger à la maison ce soir, fit Prune de sa voix la plus larmoyante.
— Je sais, je sais…Mais là, franchement, ça ne va pas être possible. Trop de boulot. J’en ai minimum jusqu’à minuit.
On entendait un fonds de techno derrière.
— Tu viens demain, alors ? demanda Prune.
— Pfff…écoute, on verra. Tu ne veux pas plutôt venir à Paris ce week-end ?
— Non, je voulais te voir aujourd’hui, c’était urgent, dit Prune en baissant la voix.
— Qu’est-ce qui ne va pas, encore ?
— Oh, rien, je me suis juste ouvert les avants-bras en classe cet aprèm’, c’est à peu près tout. Ah si…j’ai eu un 6 à ma dissert sur Phèdre.
Prune entendit sa sœur soupirer.
— Écoute, dit Cécile d’une voix lasse, j’en ai un peu marre de tes chantages à deux balles. Tout ce que tu cherches, c’est que les gens te remarquent. Fais du théâtre, ma poule !
— Tu n’as que ça à me dire ?
— Non, fais toi des amis aussi ! Quand tu arrêteras de penser uniquement à toi, ça sera peut-être plus facile. Tu vois ce que je veux dire ?
Prune se mit à sangloter.
— Allez, ma poule, je ne voulais pas faire de la peine, dit Cécile. Juste, arrête de te prendre la tête. Tu es au mauvais âge, c’est tout. Après, ça s’arrange.
Prune colla un mouchoir sur ses yeux et renifla un grand coup. Elle resta silencieuse.
— Ça va, ça va…fit Cécile au bout de quelques secondes. Je viens te voir demain. OK ? Comme ça, on pourra parler ensemble. Ça te va ?
— Super, fit Prune en raccrochant.
Elle se moucha et retourna s’asseoir à table. Ce soir-là, 58 400 foyers d’Île-de-France regardèrent les infos régionales sur la 3.

 
 

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